Pour les anciens la patience était une vertu. Aujourd’hui notre monde fait de technologies modernes lui laisse peu de place. Le Royaume du « tout tout de suite » a succédé rapidement à celui de la vie rythmée par les saisons. Parfois si vous ne répondez pas à un mail dans l’heure qui suit, la personne expéditrice vous met la pression… cela devient alors une véritable tyrannie, peu naturelle et donc source d’un stress fort contemporain.
Un conte chinois — rapporté dans Eloge de la lenteur de Carl Honoré — évoque une variété de bambou qui ne sort de terre qu’au bout de 5 années d’enracinement profond, et qui en un an prend jusqu’à 12 m de haut ! Chez nous, on pourrait trouver le proverbe équivalent : tirer sur les tiges de carottes n’a jamais accéléré leur mûrissement.
Puissions-nous nous ré-approprier un peu de cette patience bienveillante qui accepte de ne pas avoir de réponse tout de suite — considérer que les mails ne sont jamais une urgence, ce qui invitera nos interlocuteurs pressés à se servir du téléphone le cas échéant— de ne pas tout maîtriser tout le temps, de cheminer dans une relative incertitude etc. Cette patience permet aussi qu’au coeur des difficultés nous gardions vivant l’espoir d’une évolution positive future.