Le désengagement émotionnel
Aujourd’hui on peut constater un certain désengagement émotionnel du travail. Cela se traduit souvent par des stigmatisations de la nouvelle génération. Mais cela touche tout le monde. Beaucoup raisonnent comme cette manager qui me disait : « Ah, je donne assez dans mon job, je peux bien en profiter ailleurs…. » sous-entendu, heureusement qu’il y a des exutoires en dehors du travail pour tenir.
Une première réponse
Ce désinvestissement a été repéré par des entreprises modernes comme Google qui proposent toute sorte de services à leurs employés pour les garder. Dans cette approche toutefois la teneur du travail n’est pas touchée. C’est la logique des à côtés compensatoires. Pour Google nous notons une exception de taille : les 20% de temps libre (= 1 jour par semaine !) laissé aux ingénieurs pour travailler sur un sujet qui leur tient à coeur.
La crise passe par là
L’explication de ce désengagement est probablement à chercher du côté de la rigidité de nos systèmes organisationnels. Au XX° siècle, en contrepartie du modèle tayloriste dominant (« commande et contrôle » / « pense le travail et dispatche-le en micro-tâches répétitives pour faire des gains de productivité ») l’employeur offrait pratiquement partout aux salariés une protection : quasi-sécurité de l’emploi (logique du CDI), avantages divers, une relative indépendance dans leur travail du moment que les résultats étaient là. Aujourd’hui, avec le contexte de crise continuée, ce sentiment de protection a diminué, et dans le même temps le contrôle interne s’est renforcé : hausse du reporting, du suivi des KPI’s (Key Performance Indicators), renforcement des procédures etc…  Sur-contrôler est presque devenu une norme. Un problème engendre un nouveau process à respecter. Même dans le domaine public… Il n’y a qu’à regarder le nombre de lois nouvelles « pondues » sur les 10 dernières années. Pensez encore au crash de l’Airbus allemand dans les Alpes de Haute Provence : le lendemain déjà on parlait de changer la procédure, sans prendre le temps d’analyser, de regarder si la norme définie auparavant était ajustée etc. Il y a une véritable frénésie de la « normative attitude ».
Dans ces conditions, moins de protection, plus de flicage, la stratégie du désinvestissement au travail s’explique aisément.Capture d’écran 2015-06-03 à 15.30.00
Y a-t-il des solutions ?
Certaines entreprises dites libérées*, de plus en plus nombreuses, ont choisi de raviver les potentiels dormants en diminuant le contrôle au sein de leur organisation. La première étape est de simplifier le travail des gens, puis dans un 2° temps de le rendre plus intéressant en leur permettant de mobiliser leur intelligence au sein même de leur activité. Cette liberté va de paire avec une vraie responsabilité. Essayez, ça marche…
 
 
* En France les plus renommées sont : FAVI, CHRONOFLEX, POULT, BRETAGNE ATELIERS, SEW-EUROCOM, CHATEAUFORM’, POCHECO, Groupe GT, TECHNE, LIPPI, KIABI, MICHELIN, AUCHAN…